Auteur(s)
NOISEUX, Y. et Marie-Pierre Boucher
Résumé
Nouveaux cahiers du socialisme, no.4, Montréal, pp. 100-115.
Parce que l’emploi en général tendrait à prendre les traits de l’emploi subalterne, certain-es évoquent une féminisation des conditions de travail. Si cette expression est pernicieuse, il n’empêche qu’elle dessinait une piste de recherche pour saisir les transformations des conditions de travail des Québécoises dans le cadre du passage de l’État-providence à l’État néolibéral. Une recherche exploratoire concluait que la libéralisation entraînait justement la multiplication des marchés du travail impliquant le maintien, voire le renforcement de la division sexuelle du travail. Nous supposions alors que la libéralisation avait des répercussions spécifiques sur les trajectoires professionnelles des femmes et qu’elle pouvait impliquer une re-hiérarchisation sur la base des statuts d’emploi. Notre démarche, qui s’est appuyée sur une revue de la littérature et une revue de la presse écrite, sur des données statistiques et sur une observation des changements législatifs, a permis de confirmer ces constats préliminaires pour quatre secteurs d’activités où sont employées 1) les travailleuses dans le secteur de la fabrication de vêtements ; 2) les travailleuses dans le secteur du commerce de détail (à l’aide du cas de Wal-Mart) ; 3) les téléphonistes du secteur des télécommunications ; 4) les travailleuses dans les services d’aide à domicile. L’étude de cas du secteur de la fabrication de vêtements constitue un archétype des effets délétères de la libéralisation sur des travailleuses œuvrant dans le secteur manufacturier et illustre l’effet de dynamiques globales. Davantage ancrées dans un processus de libéralisation à l’échelle nord-américaine, les deux études suivantes mettent en scène des travailleuses œuvrant dans le secteur des services privés. La dernière étude met en scène un cas aussi touché par les mesures de libéralisation, mais illustre surtout l’action d’un État-providence néolibéralisé qui restructure la politique sociale en fonction d’une « nouvelle gestion publique » répondant aux exigences d’une économie libéralisée. Il permet également d’observer l’extension d’une logique de commercialisation — à rabais — de la « sphère domestique ».