Chercheur principal: Yanick Noiseux

Collaborateurs: Luis Aguiar, Rachel Brickner et Daniel Drache

 

Pour la sociologie du travail et du syndicalisme, l’éclatement du cadre de référence que constituait le salariat classique propre au «compromis fordiste» appelle des mises à jour théoriques et méthodologiques. Avec pour objectif de dépasser une lecture mécaniste et fataliste de l’incompatibilité entre nouvelles formes d’emploi et pratique de l’action collective, nous nous inspirons aussi dans ce projet de la proposition de Sousa Santos qui s’articule autour de trois axes de recherche :

  1. La transformation des marchés du travail, l’essor des marchés du travail périphériques et la politique sociale liée au travail atypique — une sociologie des absences
  2. La transformation de la théorie et de la pratique syndicales — une sociologie des émergences
  3. Le travail de traduction des pratiques d’organisation collective des travailleurs et travailleuses évoluant à la périphérie des marchés de l’emploi.

Les deux premiers volets forment le coeur de ce projet.

Dans un premier temps, nous cherchons à dresser un portrait de la situation canadienne, d’une part, avec une analyse des politiques sociales en lien avec le travail atypique et, d’autre part, en colligeant des données statistiques alimentant l’analyse de l’infléchissement de l’emploi vers les marchés périphériques du travail. En nous appuyant sur les apports de la sociologie latino-américaine du travail, nous procèderons ainsi à une sociologie de « l’hétérogénéité du travail » plaçant la flexibilité des relations de travail au centre de l’analyse et en rendant visible le travail « flou, occasionnel, crépusculaire » (De la Garza, 2000). Dans un second temps, nous identifierons six terrains de recherches permettant la réalisation d’études de cas portant sur des luttes collectives menées par des travailleurs atypiques, dont le choix est motivé par leur valeur heuristique permettant d’illustrer plusieurs aspects des mécanismes de flexibilisation induits par le processus de libéralisation et leur impact pour des catégories diversifiées de travailleurs (jeunes, femmes, travailleurs migrants, etc.). À partir de l’analyse de ces cas, nous souhaitons amorcer un travail de traduction des pratiques et des savoirs de manière à alimenter une nouvelle sémantique de l’action syndicale en proposant des « éléments de grammaire » et des propositions de matrice organisationnelle permettant l’adaptation du syndicalisme à la nouvelle donne. À terme, ce projet a pour ambition de contribuer au renouvellement de la théorie syndicale et au développement du dialogue entre chercheurs et acteurs des milieux de pratique (organisations syndicales, gouvernements, OSBL, etc.).

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Projet de recherche financé par le CRSH dans le cadre du programme« développement savoir» (2012-2015)

Description complète du projet